…004
Décidée à en finir avec les enlèvements et les attaques répétées des reptiliens sur sa personne, Cindy Bloom avait décidé de prendre son destin en main. Comme tous ses collègues, elle avait reçu des cours de tir et d’autodéfense. Toutefois, les agents de l’ANGE étaient surtout des espions, pas des soldats, alors leurs supérieurs n’insistaient pas sur ce type de formation à Alert Bay. Cindy avait donc déniché un dojo non loin de la base, où elle allait s’entraîner tous les jours. Avec ardeur, elle apprenait à frapper ses ennemis de façon à leur enlever tous leurs moyens. Même si elle haïssait profondément les Dracos et tous leurs serviteurs, la jeune femme ne pouvait pas se résoudre à tuer qui que ce soit.
En plus d’apprendre à se défendre, Cindy avait changé la couleur de ses cheveux. Dans les observations qu’il avait ajoutées à la base de données de l’ANGE, Thierry Morin affirmait que les reptiliens raffolaient des blondes aux yeux bleus. Voulant décourager ces monstres, l’agente s’était métamorphosée en brunette. Elle portait aussi des lentilles cornéennes de couleur vert sombre, qui la changeaient du tout au tout.
Ses camarades de travail l’avaient félicitée pour son nouveau look, notamment lorsqu’elle avait troqué ses vêtements roses pour une toute nouvelle garde-robe dans tous les tons de vert. Seul Aodhan Loup Blanc avait vu cette transformation d’un mauvais œil. À son avis, la fuite ne réglait jamais rien et tout le monde était en mesure d’affronter ses démons en puisant dans ses forces intérieures. Il avait donc observé de près le comportement de la jeune femme. Il l’avait aussi suivie jusqu’à l’école de karaté. Lui-même était d’ailleurs un adepte des arts martiaux, dans lesquels il s’était distingué avant de devenir un membre de l’ANGE.
Ce jeudi-là, Aodhan poussa l’audace jusqu’à franchir la porte du dojo et à étudier les progrès de Cindy. En tenue de combat, elle était en train de massacrer un mannequin en caoutchouc à coups de pied en poussant de terribles cris de guerre. Comme le voulaient les règlements de l’établissement, Aodhan enleva ses chaussures et s’aventura sur les tatamis avec l’intention d’expliquer à sa collègue qu’il était inutile de recourir à la violence.
— Cindy ? L’appela-t-il, pour mettre fin à sa fureur.
Elle fit volte-face avec une telle rapidité qu’il n’eut pas le temps de réagir. Avant qu’il comprenne ce qui lui arrivait, son dos heurta brutalement le sol.
— Aodhan ! s’exclama Cindy en le reconnaissant. Oh, mon Dieu ! Je suis vraiment désolée !
Elle lui saisit le bras et l’aida à se relever.
— Est-ce que je t’ai cassé quelque chose ?
— Il n’y a pas de mal…
— Que fais-tu ici ? Es-tu l’un des élèves du dojo ?
— J’ai étudié le kung Fu au Nouveau-Brunswick. Apparemment, je ne suis pas aussi alerte qu’autrefois.
— Comme tu le vois, je ne suis plus une proie sans défense, s’enorgueillit la jeune femme.
— Ça, c’est certain.
— J’ai fini pour aujourd’hui. Aimerais-tu manger quelque part avec moi ?
— Oui, bien sûr.
Dès qu’elle fut prête, ils se rendirent dans un petit café du centre-ville. Aodhan la complimenta sur la robe émeraude qu’elle portait.
— Je me dirige progressivement vers le noir, précisa-t-elle.
— Comme Océane ? la taquina l’Amérindien.
— Je comprends maintenant pourquoi elle n’achète aucun vêtement de couleur vive.
— Instruis-moi, je t’en prie, car s’il y a une personne au monde que je ne comprends pas, c’est bien Océane.
— Elle essaie simplement de passer inaperçue.
Aodhan ne put s’empêcher de sourire avec amusement.
Même si elle avait été invisible, Océane se serait tout de même fait remarquer pour son cynisme et son manque de tact.
— La base de Montréal devrait bientôt être opérationnelle, laissa-t-il plutôt tomber, pour orienter leur conversation dans une autre direction.
— Cela ne changera rien pour moi. Théoriquement, j’ai péri dans l’explosion de la métropole, alors j’appartiens à la division internationale plutôt qu’à une division régionale.
— Un fantôme.
— Comme Océane et Vincent. Je ne sais pas ce que les hauts dirigeants envisagent pour moi, mais j’espère qu’ils ne me garderont pas enfermée à Toronto pour toujours.
— Si la situation internationale se corse comme l’annoncent les prophètes, ils auront sûrement besoin de toi quelque part sur la planète.
— En parlant de prophètes, as-tu lu les journaux ce matin ?
— Tu fais référence à ce nouveau messie qui fait parler de lui aux États-Unis ?
— Exactement. Nous devons enquêter sur lui sans délai.
— Je suis persuadé que la division américaine l’a déjà à l’œil, Cindy.
— Mais nous sommes les spécialistes des prophéties !
— Tout ce que nous recueillons dans nos bases de données est transmis à toutes les autres divisions. Il est donc prévisible que d’autres agents s’intéresseront eux aussi à cette question.
— J’ai tout de même l’intention de demander à Cédric de m’affecter à cette affaire. Mon statut d’agent fantôme me rend très mobile.
L’Amérindien jugea préférable de ne pas la contredire. Il prit une bouchée en l’écoutant raconter en détail tout ce qu’elle avait appris lors de ses cours d’autodéfense, puis ils rentrèrent ensemble à la base torontoise.
Cindy gambada jusqu’aux Laboratoires, plus en forme que jamais. Vincent McLeod travaillait depuis un moment déjà devant l’un des nombreux postes informatiques, profondément concentré sur une obscure recherche. La jeune femme ne l’importuna pas. Elle s’installa plutôt à l’autre extrémité de la salle devant un ordinateur vacant. Elle accéda à ses fichiers, dans lesquels elle accumulait tout ce qu’elle pouvait recueillir sur le nouveau messie. Yannick l’avait mise en garde contre les faux prophètes qui se manifesteraient avant le retour du Christ. Néanmoins, le parcours de cet homme la fascinait.
Cael Madden avait à peine trente ans. Il était né dans une petite ville du New Jersey, d’un père ouvrier et d’une mère infirmière. Il était l’aîné d’une famille de quatre enfants et n’avait que des sœurs. Les articles des journaux racontaient qu’il avait commencé à bavarder avec Dieu dès sa plus tendre enfance, mais que ses parents avaient toujours gardé secrets ses dons pour le protéger. En grandissant, Cael avait fréquenté l’école publique sans cacher son intérêt pour la spiritualité et la philosophie. Au secondaire, il avait surtout été perçu comme un garçon maigrelet et étrange qu’on préférait éviter. Ce n’était qu’une fois arrivé à l’université que son charisme avait commencé à se manifester.
Pour commencer, Madden avait pris du poids. Ses traits s’étaient ainsi adoucis et ses cheveux châtains touchaient maintenant ses épaules. Il avait enfin trouvé un public qui s’intéressait à ses conversations avec Dieu. Ses ouailles étaient même persuadées qu’il serait pape, un jour. À la cafétéria, à la bibliothèque ou sur la pelouse de l’établissement, Madden n’avait cessé d’attirer une foule de jeunes gens de tous les milieux.
Puis, au sortir de l’université, il avait changé du tout au tout, une fois de plus. Ses admirateurs s’attendaient à ce qu’il embrasse la prêtrise à la fin de ses études de théologie, mais Madden n’en avait rien fait. Sans prévenir personne, il avait quitté le New Jersey, pour ne réapparaître que quelques années plus tard à Washington.
— Qu’as-tu fait aujourd’hui, mon beau Cael ? chantonna Cindy en pianotant sur le clavier de l’ordinateur.
Les plus récents articles de journaux lui apprirent que Madden recrutait des membres dans la capitale afin de mettre en place une armée de pacifistes. Les observateurs prétendaient qu’il s’agissait plutôt d’une nouvelle secte.
Cindy fit défiler l’article jusqu’à la photo du nouveau messie. Il ne ressemblait à personne qu’elle connaissait. Il portait ses cheveux longs et ses yeux bleus illuminaient son visage d’éternel adolescent.
— Tu ressembles à la description que me faisait Yannick du prophète Jeshua qu’il a tant aimé, réfléchit Cindy tout haut. Si seulement il était encore là pour m’aider à y voir plus clair dans cette histoire.
— Il y a d’autres membres de l’ANGE qui ne demandent que cela, fit la voix d’Aodhan derrière elle.
— Cédric t’a-t-il demandé de m’espionner ? grommela-t-elle sans se retourner.
— Disons qu’il s’inquiète de ta soudaine explosion de vitalité.
— J’ai seulement décidé d’apprendre à me défendre. Il devrait plutôt être content de constater que je ne serai plus un poids mort pour l’Agence.
— Qui t’a dit une chose pareille ? s’étonna l’Amérindien en s’approchant.
— Je n’ai pas eu besoin qu’on me fasse un dessin. Au lieu de vous aider à démasquer l’ennemi, je me suis constamment retrouvée entre ses griffes. Il était temps que cela change.
— On dirait bien que c’est devenu une affaire personnelle.
— Est-il vraiment important que vous connaissiez les motifs pour lesquels je veux devenir un super agent ?
— Je peux te dire par expérience que lorsqu’on ne fait pas les choses pour les bonnes raisons, notre détermination s’use assez vite.
Aodhan jeta un coup d’œil à l’écran.
— Il est bien plus séduisant que ton dernier prophète, en tout cas, se moqua-t-il.
— C’était un Naas !
— Madden pourrait tout aussi bien être un reptilien.
— Je ne suis certaine de rien pour l’instant.
Aodhan fit pivoter la chaise de la jeune femme pour qu’elle soit face à lui.
— Cindy, je t’en prie, écoute-moi. Cet homme, même s’il était le diable en personne, est sous la juridiction de la division américaine, Il ne te sert à rien de perdre ton temps à étudier son parcours.
— Ce n’est pas de ma faute. Mes recherches m’ont menée jusqu’à lui.
— Dans ce cas, transmets tes conclusions à Kevin Lucas, qui se chargera de les acheminer aux bonnes personnes.
— Tu ne comprends pas…
Cindy se tourna de nouveau vers la page de journal affichée à l’écran.
— Alors, explique-moi cette fascination que je vois dans tes yeux, insista Aodhan.
— Tu vas sans doute penser que je suis folle, mais j’ai l’impression de connaître cet homme. Pourtant, je ne l’ai jamais rencontré.
— Je ne te dirai pas ce que tu dois croire. Je veux seulement te rappeler qu’il y a une hiérarchie dans cette agence. Les divisions canadiennes ne mènent pas d’enquêtes sur le sol américain.
— Si Madden traversait la frontière, théoriquement, nous aurions le droit de le surveiller nous-mêmes, n’est-ce pas ?
— Ne me dis pas que tu vas le forcer à s’établir au Canada ?
— Il semble que ce soit déjà dans ses plans.
Cindy glissa le bout d’un doigt le long d’une ligne de texte lumineuse sur l’écran.
— Apparemment, c’est tout l’est de l’Amérique du Nord qu’il veut conquérir.
— Pour commencer, si c’était un vrai messager de Dieu, il serait parti avec les autres lors du Ravissement, tu ne crois pas ?
— Pas s’il lui est plus utile ici.
— Depuis quand défends-tu les faux prophètes ?
— Il est écrit dans les textes bibliques que parmi tous les prétendus messies, l’un d’entre eux sera le sauveur du monde. Je ne suis certes pas une experte dans ce domaine, mais j’ai besoin de croire qu’une force surnaturelle nous protégera de la méchanceté de l’Antéchrist lorsque viendra le temps des massacres.
Le désespoir que l’Amérindien perçut alors dans les yeux de sa collègue le bouleversa. Des milliers de personnes sur Terre ressentaient la même terreur que Cindy. Les derniers mois avaient été très éprouvants pour les habitants de la planète, qui étaient hantés par la disparition de millions de personnes en une seule journée et par la cascade de catastrophes qui en avait résulté. Ceux qui avaient mystérieusement quitté cette existence étant pour la plupart de bonnes gens ou de simples innocents, les villes grouillaient désormais d’hommes et de femmes désœuvrés ou carrément épouvantés, ainsi que de criminels qui profitaient de leur déséquilibre pour les exploiter. Ces derniers s’entretuaient également dans de sanglantes querelles de territoires. Quant à ceux qui avaient perdu la raison, ils finissaient par se suicider ou ils se regroupaient autour de prétendus messies comme Madden.
— Prends au moins le temps d’écouter ce qu’il a à nous dire, conseilla Cindy à son collègue.
— Je veux bien si, de ton côté, tu fais un effort de discernement.
— Je sais ce que je fais.
Aodhan serra doucement les doigts sur l’épaule de Cindy pour la rassurer.
— Cette couleur de cheveux te va très bien, ajouta-t-il. Elle fait ressortir tes yeux.
L’agente lui adressa un sourire reconnaissant, puis s’absorba à nouveau dans la lecture des articles suivants sur son nouveau héros.
Consciencieux de nature, l’Amérindien poussa son enquête plus loin sur ce nouveau messie. Apprendre à se battre dans un dojo et préserver son âme de l’influence d’un puissant gourou étaient deux choses différentes. Aodhan le savait mieux que quiconque. Il avait grandi dans le monde des Blancs, mais son grand-père chaman avait veillé à ce que son cœur ne perde pas contact avec l’héritage de ses ancêtres.
L’Amérindien s’installa plus loin dans la salle des Laboratoires, devant un ordinateur isolé. En bon espion, il avait mémorisé l’adresse du site Internet que Cindy était en train de consulter. Il y accéda et vit tout de suite qu’il avait été conçu par de fervents admirateurs de Madden. Il devrait donc s’en méfier, car ce dernier ne lui permettrait de ne connaître qu’une partie de la vérité. Il étudia le plan du site pour ne pas perdre de temps et découvrit des vidéoconférences données par le faux prophète.
Aodhan mit les écouteurs et en visionna plusieurs. Le langage corporel de Madden et son choix de mots lui en apprirent davantage sur cet homme que les conclusions des journalistes sur le même site. « Si ces derniers possédaient mon sixième sens, la vérité serait mieux servie », songea Aodhan.
Cael Madden avait un visage adorable et une voix plutôt grave pour son âge. Son regard était hypnotique. En fait, il ne battait jamais des paupières. « Un autre reptilien ? » se demanda l’agent de l’ANGE. Mais comment en être sûr sans le rencontrer en personne ? Cet homme, vêtu d’un jeans et d’une chemise blanche toute simple, ne s’adressait pas à son public à la manière d’un prédicateur. Il adoptait plutôt une attitude de professeur devant une très grande classe.
Lors de ses premières conférences, il avait surtout parlé de sa relation privilégiée avec Dieu et des messages qu’il avait reçus de lui. Ce n’était que dans sa dernière présentation qu’il avait commencé à parler de sa mission de sauver les hommes de bonne volonté. Il allait jusqu’à promettre à ceux qui le suivraient des milliers d’années de béatitude. « Et si Cindy avait raison ? songea Aodhan. Si c’était lui, le prophète qui les libérerait du joug de Satan ? » Toutefois, l’Antéchrist n’avait pas encore martyrisé qui que ce soit…
L’Amérindien jeta ensuite un coup d’œil aux recherches de Yannick Jeffrey et surtout à ce que celui-ci disait à propos du retour du Christ sur Terre. Il n’y trouva évidement aucune description physique susceptible de l’aider à établir une relation avec Madden. Jeffrey déclarait, cependant, que ce messager divin ne se manifesterait que lorsque Satan serait entré en possession du corps de l’Antéchrist, soit trois ans et demi après le début des événements précédant la fin du monde. « Il s’est à peine passé un an depuis le Ravissement » calcula mentalement Aodhan. Cette information suffit à le convaincre que Cael Madden n’était qu’un faux prophète comme des centaines d’autres à travers le monde. « Mais comment le faire comprendre à Cindy ? » se demanda l’agent de l’ANGE.
Il éplucha les rapports les plus récents de la division internationale et de la division américaine en utilisant comme mot clé le nom de l’imposteur. Tout comme il s’y attendait, les autres groupes s’intéressaient déjà de près à ses activités. Pour l’instant, ils classaient Madden parmi les problèmes potentiels et ne considéraient pas qu’il soit une véritable menace. Rien n’indiquait qu’on avait affecté qui que ce soit à son dossier, La seule façon d’obtenir des renseignements de fond demeurait donc la communication directe avec la base de Washington, et seul Cédric Orléans pouvait passer un appel à son directeur.
— Qui risque rien n’a rien, murmura Aodhan en quittant son poste de travail.
Il traversa l’installation souterraine d’un pas assuré et aboutit dans la vaste salle des Renseignements stratégiques. Un nombre réduit de techniciens s’affairait devant les nombreux écrans. Alert Bay avait fait son possible pour combler les postes laissés vacants au Canada par le Ravissement. Elle avait même lancé dans la mêlée des apprentis qui n’avaient pas eu le temps de terminer leurs cours. Malgré tous les efforts de Christopher Shanks, toutes les bases manquaient cruellement de personnel.
Aodhan s’arrêta devant la porte métallique du bureau du directeur et attendit que l’ordinateur lui signale sa présence. Quelques secondes plus tard, les deux panneaux glissaient devant lui, lui permettant d’entrer. L’Amérindien trouva son patron là où il l’avait imaginé : assis à sa table de travail, les yeux rivés sur l’écran mural, le menton appuyé dans la paume de sa main.
— Si c’est un mauvais moment, je reviendrai, s’excusa aussitôt Aodhan.
— Dans ce cas, ce sera dans six ou sept ans, grommela Cédric.
Le directeur soupira avec découragement et leva le regard vers son agent.
— De mauvaises nouvelles ? s’enquit l’Amérindien.
— Entre autres. Tu connais aussi bien que moi la situation politique et économique de la planète en ce moment. Les gouvernements qui nous appuyaient ne reconnaissent plus l’importance de nos services, alors nos ressources s’en ressentent.
— Mais le Canada s’en tire plutôt bien, si j’en crois les derniers rapports.
— Ce n’est qu’une question de temps avant que l’anarchie ne s’installe également ici.
— Nous serions donc forcés de devenir une société secrète ?
— Ce n’est pas exclu, avoua Cédric. Mais tu n’es pas venu m’entendre me lamenter sur le sort de l’ANGE, n’est-ce pas ?
— Non, mais si vous avez besoin d’en parler, il est de mon devoir de vous écouter.
— Que désires-tu, Aodhan ?
— J’aimerais obtenir votre autorisation afin de m’entretenir avec certains de nos collègues américains au sujet d’un faux prophète qui recrute des adeptes dans la capitale américaine.
— Quel est ton intérêt dans cette affaire ?
— Apparemment, ce soi-disant messie a des visées sur le Canada. Avant qu’il ne débarque ici, j’aimerais en apprendre davantage sur lui autrement que dans nos bases de données, qui ne sont plus vraiment à jour.
Cédric n’ignorait pas que toutes les divisions fonctionnaient avec un personnel réduit et que les techniciens travaillaient d’arrache-pied pour faire circuler le plus rapidement possible les renseignements entre les bases.
— Je n’y vois aucun mal, accepta finalement Cédric.
Depuis qu’il avait appris que son patron était un reptilien, Aodhan ne s’offensait plus de son apparente absence d’émotions. Il le remercia et quitta le bureau pour rejoindre la section des Laboratoires, où il pourrait discuter en paix avec les agents américains.